Le Taborniau de Goumoens-le-Jux

Histoire en patois suisse romand

 

Roman romand   

 

C’est l’histoire d’un petit boffio, à moitié badadia qui ne pensait qu’à cavaler en poussant des bouêlées et qui nous cassait les bonbons à longueur de journée.

Le bouèbe était tout miquelet, parce qu’il était encore en enfantine, mais il avait déjà une de ces mordaches. En plus d’être une batoille du genre ″cradzet qui n’est encore pas tout câblé″, ce topio de petit galapiat n’arrêtait pas de faire des crasses.

Un jour je lui ai dit de déhotter, sinon j’allais lui tailler les oreilles en pointes. C’est là qu’il a déguillé en bas la dérupe et qu’il s’est retrouvé à croupetons dans la papette. Sa camisole était toute crade et il avait même fait un pisson dans son froc, tellement qu’il avait eu la trouille.
Je lui aurai foutu une branlée, mais une braillée à suffit à le faire chialer, ce gogneux. Cette chenoille n’a alors rien fait de mieux que d’aller piorner vers cette espèce de pèdze d’Henri. Il faisait une tiaffe d’enfer et comme l’Henri n’avait pas de tiot à se mettre sur le crémol pour se protéger du soleil, il a embarqué ce petit pignouffle pour lui faire boire un sirop à l’ombre, dans son cagnard.
Mais comme on le sait, les habitants de de Goumoens-le-Jux ne crachent pas dans le verre et qu’ils ont facilement tendance à se prendre des canfrées, il semblerait que le petiot ait alors pris très tôt l’habitude de se murger le groin.

Comme on le sait aussi, ces habitants de Goumoens-le-Jux – les broussaillus ou les Tartares, comme on les appelle, ont toujours une certaine avance pour lever le coude et que le gorgeon leur donne de l’accouet, mais de là à aller mettre de la goutte dans le biberon, il faut quand même faire gaffe.

Comme je n’ai pas envie de me faire azorer et que les broussaillus ne sont pas tous des agnotis, je n’en dirai pas plus, mais je n’en pense pas moins.

Le tartare est forcément un avale royaume, c’est sans doute de là que lui vient ce deuxième sobriquet.

Il y a bien quelques feniaules à Goumoens-le-Jux, mais les modzons sont beaucoup plus jolies. Les galavardes sont un peu mollachonnes et elles ont toujours de la moque sur les babines.


Cette gandoise ne doit pas être prise au sérieux, car tout est inventé et sinon je vais me faire épécler le museau au premier contour.

Jean-Marc Baudat

(Parler vaudois ou par les veaux d’oies ou encore parler vos doigts)