Rencontre avec la plénitude

- Ne sois pas triste, tu dois être comme le soleil à midi ! Le déclin de la vie est une fatalité à laquelle tu ne peux que te soumettre. La vie est temporaire et tu dois comprendre que l’attachement aux choses est l’erreur fondamentale que font la plupart de tes congénères. Ce n’est pas l’amour du pouvoir qu’il te faut développer, mais le pouvoir de l’amour. 

L’être me parlait avec une telle clarté et une si belle assurance, que ça devait certainement être un ange.


- Il est temps pour toi que tu comprennes, que la vie ne s’arrête pas à ta conception habituelle du monde. Quand tu regardes un arbre, tu peux très bien sentir qu’il possède aussi une âme naissante. Tu es une âme en éveil et je suis une âme réalisée. Ainsi je te vois comme un être inférieur et de mon côté j’ai aussi une hiérarchie supérieure qui est celle des êtres invisibles.


Il me fixait de son regard lumineux et j’avais l’impression d’être un brin d’herbe ridicule qui voit pour la première fois le soleil et à côté de lui, j’avais l’impression d’être à peine plus évolué qu’un caillou.


- Comme nous, vous-autres les animaux, vous pouvez être des prédateurs ou alors des êtres qui aspirent à une autre dimension plus spirituelle.


Je comprenais que c’était pour moi le moment du jugement dernier. L’ange était venu me chercher et il me donnait un délai de dix jours pour me préparer à quitter ce monde. Pour le temps qui me restait, je ne pouvais pas imaginer faire de grandes choses. Il n’y avait que des petites actions possibles. Seule une certaine humilité pouvait me permettre d’agir et il fallait que je fasse des deuils et de grandes économies de mon temps qui était dès lors compté et très précieux.


D’un point de vue extérieur, mon attitude semblait être devenue mesquine, mais les individus de mon entourage ne savaient pas que j’étais condamné et je ne voulais pas le leur annoncer. Je passais soudainement pour une personne médiocre. Mon humilité et ma modestie étaient considérées comme de la soumission et de la stupidité.


Que l’on soit bœuf ou cochon, on risque d’être emmené à l’abattoir et il est important de comprendre que nous faisons partie d’un tout. Les humains ont aussi leurs prédateurs - sur un plan invisible - et parmi nous autres animaux, ils ont leurs préférences. Les chiens et les chats sont sans doute les plus chanceux, mais ils n’ont aucun mérite, tandis que nous, nous offrons notre chair à ces êtres qui offrent leur sang à des élites invisibles qui sont elles-mêmes gouvernées par des esprits de plus hautes instances. Si nous apprenons à ne pas nous attacher aux choses matérielles, nous pouvons profiter de l’instant présent qui s’offre à nous.


Avant de partir à l’abattoir, je jetais un regard vers mes amis qui semblaient être plus chanceux que moi. Mon âme en quête d’éveil avait fait un bout de chemin et elle serait bientôt disponible à ceux de mon espèce. 


La lente évolution vers la lumière est possible pour la collectivité, mais pour cela il faut développer la conscience d’être un esprit plutôt que de la chair.


Jean-Marc Baudat (Xin Chou – Le bœuf piquant ou le bouffon acerbe)


Texte inspiré du Yi jing : http://wengu.tartarie.com/wg/wengu.php?l=Yijing&tire=987788&no=55&lang=fr

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