Le sceptre de la vouivre
1. Le rêve
L’essentiel dans la
vie, c’est peut-être bien de devoir se souvenir du futur, car il se pourrait
bien qu’il soit déjà passé. Julien se réveille après avoir fait un rêve étrange.
Peut-être était-ce un rêve prémonitoire. La scène se déroule derrière la maison
familiale, dans la campagne. Julien est en train de creuser le sol pour y
planter un arbuste. Une vouivre jaillit de la terre et se dresse contre le
jeune homme qui en bascule sur son postérieur, terrifié.
« Pourquoi viens-tu me
déranger, lui dit la vouivre ?
Abasourdit et
incapable de prononcer un mot, le garçon se tiens assis, les mains sur le sol
et sa respiration est haletante.
– Calme-toi et rassure-toi, lui dit la vouivre,
je ne vais pas te faire de mal, mais tu dois savoir que tu as creusé le sol sur
une ligne de réseau terrestre dont je suis la gardienne.
– Je suis désolé, dit Julien, je ne savais pas
que je faisais cela. Qu’est-ce qu’une ligne de réseau ?
– C’est une ligne de son. Elle te permet de
communiquer avec d’autres personnes qui se trouvent à des distances parfois
très éloignées.
– Comment pourrais-je utiliser
cela ? »
La vouivre replonge
dans la terre et en ressort avec un sceptre dans la bouche. Elle le tend à
Julien et lui dit qu’il peut l’utiliser pour établir une communication avec une
personne à distance. La condition est qu’il doit se placer sur le lieu précis
où il a creusé le sol et qu’il doit se diriger dans une des deux directions de
la ligne Nord-ouest et Sud-est pour tendre le sceptre et établir une
communication. Il s’exécute et il pointe le sceptre en direction du Sud-est. Il
perçoit brièvement le visage d’une fille aux yeux clairs et aux cheveux foncés,
puis soudainement il se réveille.
Julien est troublé par
ce rêve et il se demande ce qu’il peut signifier. Après une brève toilette, il
sort pour se rendre sur le lieu du rêve, juste derrière la maison. Il se dirige
vers le Sud pour y scruter l’horizon et s’aperçoit que cette direction rejoint
la ville qui est le chef-lieu de sa région.
Julien Jaques est le
quatrième garçon d’une famille d’agriculteurs. Ses parents sont des protestants
affirmés, ce qui veut dire que chaque dimanche, la famille entière se retrouve
au culte dans le temple du village. Cela ne dérange pas le jeune homme qui est
un fervent croyant. Le jour de ses dix-huit ans, une fête est organisée en son
honneur et malencontreusement un de ses amis lui envoie une vanne qui
sous-entend qu’il serait temps pour lui de trouver une petite amie. Son
problème n’est pas le fait qu’il soit laid, bien au contraire, mais plutôt la
raison qu’il est peut-être quelqu’un d’un peu trop spirituel pour les filles qui
seraient censées l’intéresser.
C’est un garçon très
fort et qui a très belle allure avec des cheveux blonds et des yeux bleus.
C’est une personne tellement intègre et respectueuse de l’éducation religieuse
que lui ont donné ses parents, qu’il est toujours vierge à son âge. Son
entourage s’inquiète un peu, au point qu’on lui demande s’il n’est pas gay. Cela
a tendance à le fâcher et c’est ce qui lui donne aussi l’envie de partir de son
village, car il se dit que dans une ville avec plus d’habitants, il pourra plus
facilement trouver l’âme sœur. Sa foi religieuse l’empêche d’avoir des
relations superficielles et cela devient un problème, car tous ses copains ont
déjà conclut depuis des lustres.
Un jour, un de ses amis l’emmène vers la Capitale pour lui montrer des filles de joie. Impossible, le jeune homme ne veut pas avoir sa première relation avec une prostituée, ni aucune expérience que ce soit et quand que ce soit dans ce genre là. Il préfère attendre sagement la bonne occasion. Il n’arrive pas à trouver le juste milieu entre la religion et la vie ordinaire qui consiste à accepter l’imperfection et donc de coucher. Ses parents sont très fiers de lui et toujours prêts à le soutenir, mais ils n’accepteraient certainement pas que leur plus jeune fils tourne mal dans le sens de devenir un dévergondé.
La religion chrétienne a une telle place dans la famille, que finalement tout se passe bien, en apparence. Ses trois grands frères sont déjà mariés avec trois femmes de confession protestante. Il va de soi que Julien va certainement rencontrer une fille compatible dans cette optique, bien entendu. Dans cette famille, chaque personne doit faire des tests de compatibilité avant qu’une union soit acceptée par l’ensemble du clan. Il s’agit pour chacun des deux genres du couple de remplir un formulaire qui sera soigneusement examiné par le père.
Un jour, un de ses amis l’emmène vers la Capitale pour lui montrer des filles de joie. Impossible, le jeune homme ne veut pas avoir sa première relation avec une prostituée, ni aucune expérience que ce soit et quand que ce soit dans ce genre là. Il préfère attendre sagement la bonne occasion. Il n’arrive pas à trouver le juste milieu entre la religion et la vie ordinaire qui consiste à accepter l’imperfection et donc de coucher. Ses parents sont très fiers de lui et toujours prêts à le soutenir, mais ils n’accepteraient certainement pas que leur plus jeune fils tourne mal dans le sens de devenir un dévergondé.
La religion chrétienne a une telle place dans la famille, que finalement tout se passe bien, en apparence. Ses trois grands frères sont déjà mariés avec trois femmes de confession protestante. Il va de soi que Julien va certainement rencontrer une fille compatible dans cette optique, bien entendu. Dans cette famille, chaque personne doit faire des tests de compatibilité avant qu’une union soit acceptée par l’ensemble du clan. Il s’agit pour chacun des deux genres du couple de remplir un formulaire qui sera soigneusement examiné par le père.
A vrai dire, julien
souffre de cette situation. Le fait d’être trop bigot ne procure pas la joie de
vivre lorsqu’on est jeune. Pourtant il ne peut pas renoncer à sa foi qui le
maintient dans cette position de jeune homme coincé. En plus d’être enfermé
dans ce contexte campagnard et lourdement religieux, il a un goût particulier
pour la musique exotique comme la salsa ou les rythmes africains, ce qui
déplait totalement à ses chers parents et plus précisément son père qui est
peut-être un peu xénophobe, voire raciste.
2. Les cours de
tam-tam
Un jour, Julien
découvre qu’il existe des cours de tam-tam en ville et il décide d’aller voir à
quoi cela ressemble, car il est vraiment attiré par le jeu des percussions. Nicolas,
le professeur de tam-tam est un gars sympa, il l’invite à venir faire un cours
d’essai. Julien est directement subjugué et enthousiasmé par cette musique et
décide de s’y inscrire. Il y a évidement des jeunes hommes et jeunes femmes qui
sont déjà présent et qui suivent régulièrement ce cours en groupe.
Carla est une élève assidue de Nicolas et ce dernier semble avoir beaucoup de plaisir à lui donner des cours – sans doute à cause de son physique agréable de fille exotique. Il semble même qui lui fasse des avances, de façons quelque peu détournées, mais visibles quand même. A la fin des cours il propose toujours de la raccompagner, mais elle ne semble pas vouloir céder. Un jour, Nicolas se fait plus insistant – sans doute à cause de son niveau de testostérone du jour, et il essaie vraiment de pouvoir l’embarquer. Julien se trouve là, témoin et spectateur passif de la scène. Carla semble agacée et vraiment décidée à envoyer balader Nicolas en lui balançant ses quatre vérités, mais au lieu de cela, elle prend la main de Julien et l’invite à partir avec elle. Bouche bée, Nicolas regarde le couple s’en aller, sans pouvoir dire le moindre mot. Julien se laisse embarqué, perplexe, mais envouté par le charisme et la beauté de la jeune femme.
Carla est une élève assidue de Nicolas et ce dernier semble avoir beaucoup de plaisir à lui donner des cours – sans doute à cause de son physique agréable de fille exotique. Il semble même qui lui fasse des avances, de façons quelque peu détournées, mais visibles quand même. A la fin des cours il propose toujours de la raccompagner, mais elle ne semble pas vouloir céder. Un jour, Nicolas se fait plus insistant – sans doute à cause de son niveau de testostérone du jour, et il essaie vraiment de pouvoir l’embarquer. Julien se trouve là, témoin et spectateur passif de la scène. Carla semble agacée et vraiment décidée à envoyer balader Nicolas en lui balançant ses quatre vérités, mais au lieu de cela, elle prend la main de Julien et l’invite à partir avec elle. Bouche bée, Nicolas regarde le couple s’en aller, sans pouvoir dire le moindre mot. Julien se laisse embarqué, perplexe, mais envouté par le charisme et la beauté de la jeune femme.
« De toute façon
ce n’est pas un problème pour lui, dit Carla à Julien, car il fait ça avec
toutes les nanas. »
Arrivé à quelques pâtés
de maison plus loin, Carla s’excuse et remercie Julien de l’avoir accompagnée
ainsi et de l’avoir aidé à échapper à l’emprise ce don juan de Nicolas, qu’elle
apprécie beaucoup en tant que professeur de musique, mais dont elle n’a aucun
intérêt sur le plan sexuel. Julien est bien entendu immédiatement tombé
amoureux de Carla dés l’instant où elle lui a pris la main, mais étant fidèle à
lui-même, il se trouve maintenant comme un idiot en face d’une bombe et il est
en train d’imaginer plein de choses dans un instant aussi court que sa
respiration. Comprenant son désarroi et sa grande détresse. Carla prend
l’initiative de l’embrasser.
« Tu veux bien me
raccompagner chez moi, demande Carla ? »
Plutôt mourir que de
louper ça, Julien, reprend son souffle et dit : « Oui. »
Inutile de préciser
que la première relation sexuelle d’un jeune homme de dix huit ans ne sera pas
forcément une réussite. Le bougre a mal et il se demande comment on peut aimer
ça. Comme il est fier, il fait croire à sa partenaire que tout va bien et grâce
à cela, la relation se termine plutôt bien. Après avoir fait l’amour avec sa
première conquête, Julien se retrouve nu dans le lit d’une presque inconnue qui
doit avoir au moins vingt-cinq ans et qui ne semble n’avoir aucun tabou sexuel.
Il se sent gêné de rester là et à découvert. Il tente de cacher ses attributs
et sa compagne l’en empêche.
« Pourquoi
fais-tu cela, demande-telle ? C’est la nature. Laisse-toi
aller ! N’aie pas peut d’être un homme. »
Julien s’endort,
heureux comme un petit enfant, ou plutôt enfin un homme.
Le lendemain, Julien
se retrouve en ville et il doit rentre chez lui. Il marche vers la gare et il a
mal à son entre-jambe, car il se trouve que son inexpérience en la matière de
sexe et son éducation religieuse stricte, on fait de lui un ignare complet de
la matière et il sent qu’il va devoir s’y mettre sérieusement s’il veut pouvoir
prétendre à une vie normale d’homme adulte. Il a vraiment l’impression d’être
devenu un homme soudainement, enfin. Il ne sait pas trop à quoi cela rime
vraiment, mais il est partagé entre la fierté et la douleur qui l’oblige à
marcher comme un cow-boy qui vient de faire cent kilomètres à cheval.
3. La présentation aux
parents
Il est évident que
Julien est fou amoureux de sa dulcinée, bien qu’il ne sache quasiment rien
d’elle. Carla est une très belle jeune femme avec des yeux clairs et des
cheveux foncés. Elle semble être une métisse afro-européenne, mais il ne
connait pas sa vie. En arrivant chez lui, Julien se prépare à aller dormir et
il ne peut pas s’empêcher de penser à cette belle qui lui a fait faire un pas
vers la vie d’homme. Il visualise le visage de la belle et soudain il se souvient
du rêve de la vouivre. Alors qu’il était prêt à s’endormir, il se lève d’un bon
et va consulter la carte géographique. Il découvre que l’appartement de Carla
qui se trouve en ville, est précisément en alignement avec l’endroit où la vouivre
s’était manifestée dans son rêve. Carla serait la fille qu’il a vue dans son
rêve.
Le lendemain, Julien
est sur un tracteur, il doit s’occuper du champ d’herbe pour le bétail. Bien
entendu, toute son attention est portée sur la belle Carla, dont il est
totalement à genoux. Il se demande comment va se passer la suite. Y aura-t-il
une suite ? Va-t-il pouvoir retourner aux cours de percussions chez
Nicolas, sans sensation de malaise ? Est-ce que Carla a un intérêt pour
lui à long terme ? Tout cela le mine, mais il se sent bien, car il est
enfin devenu un homme.
Alors qu’il est
toujours en train de faucher l’herbe, son téléphone portable retentit. C’est
Carla.
« Allo !
– Salut mon chéri,
j’ai toujours envie de toi et toi tu en penses quoi de tout ça ?
– Oui, bien sûr,
quelle question ! J’ai trop envie de toi moi aussi.
– Quand est-ce qu’on
se voit, pacque juste une fois par semaine après les cours de percussions, ce
n’est pas assez pour moi.
– Ben non c’est clair,
pour moi non plus.
– Bon alors, ce soir,
on se voit, ça te dis ?
– Oui, ce soir, je
viens. »
Carla est la fille
d’un artiste italien et d’une mère qui vient du Bénin. Son père est un musicien
de jazz qui voyage par le monde et sa mère est une véritable maman qui
donnerait sa vie pour ses enfants.
« Ma mère est une
guérisseuse, dit Carla à son nouvel amant, elle est capable de soigner des gens
avec des pratiques vaudous. »
Julien se sent mal à
l’aise, il a soudainement trop chaud et il est tout pâle.
« Qu’est-ce qui
t’arrive mon chéri, lui demande Carla, tu n’est pas l’air bien ? »
Les pensées les plus
angoissantes envahissent soudainement l’esprit de Julien, Comment peut-il être
tombé sur cette personne dont il est éperdument amoureux, mais qui n’a pas la
bonne couleur et surtout pas les bonnes croyances, ceci du moins selon l’avis
de sa famille sacrée.
« Mais le vaudou
c’est de la sorcellerie, de la magie noire, dit Julien.
– Cela ne veut rien
dire, dit Carla. La magie n’est ni noire, ni blanche, ou ni bien, ni mal, elle
est juste magie et cela échappe à l’esprit rationnel. Ma mère est capable de
soigner des gens, mais ce n’est pas une sorcière, c’est juste une femme qui a ce
droit et ce pouvoir d’utiliser son énergie féminine qui est très puissante pour
apporter la guérison. La religion chrétienne a écarté les femmes du pouvoir à
cause de leur faculté de soigner sans médecine. Toutes les mamans possèdent naturellement
le secret de la guérison, mais les patriarches ont décidé de les condamner pour
pouvoir abuser du privilège de la reconnaissance de l’esprit divin soi-disant
masculin. Les hérétiques sont les religieux et ils ont bien réussi leur coup. »
Là, julien est
vraiment mal. Comment va-t-il faire pour transcender la vérité absolue du seul
bon Dieu – en l’occurrence le sien, avec des croyances animistes provenant de
pays aussi sombre que la nuit ?
« Toutes ces
choses ne sont pas nécessaires lorsqu’on a la foi, dit Julien, pourquoi
devrions-nous pratiquer des formules diaboliques alors que nous avons le
Seigneur qui nous protège et nous soigne ?
– Le vaudou est mal
perçu par la religion chrétienne, parce qu’il apporte des solutions directes,
mais les gens qui pratiquent le Vaudou, ne sont pas moins bons que des
chrétiens capitalistes et persuadés de connaître la seule vérité universelle
qui soit à jamais. Le Clergé a tout intérêt à écarter les médecines naturelles,
car celles-ci sont irrationnelles, mais pourtant très efficaces. »
Les parents de Carla
sont des humains très humanistes, ils sont même adorables. Julien est
directement accueillit comme un membre de la famille, sans aucun préjugés et
aucune retenue. Les parents de Julien sont des protestants intégristes,
racistes et persuadés de faire partie de l’élite des humains. Carla est
directement rejetée par le clan et considérée comme une négresse qui va tout
piquer l’héritage familial. C’est assurément un choc frontal. Carla va-t-elle
supporter cela ? Apparemment elle est très amoureuse de Julien et elle
n’est pas prêtre à laisser tomber l’affaire.
Les mois passent et le
malaise s’installe dans la famille de Julien, qui est bouleversé par le fait
d’aimer cette femme qui a six ans de plus que lui et qui n’est pas du tout dans
le modèle de compatibilité imposé par ses parents. Il semble que le père soit
le plus rigide dans l’affaire. La mère paraît être plus portée à accepter un
compromis. Il s’agit du bonheur de son fils. Du côté du père, il n’y a rien à
faire. Cette femme est plus âgée que son fils, elle n’est pas chrétienne et en
plus elle est basanée. C’est une situation impossible.
Julien prend son
courage à deux mains et décident de faire front face à son père qu’il a
toujours craint jusque là.
« J’aime cette
femme et je veux l’épouser, dit Julien.
– Tu sais bien que ce
n’est pas possible, dit le père. Ces gens là n’ont pas la même mentalité que
nous et cela ne fonctionnera jamais.
– Alors j’irai faire
ma vie et tant pis pour vous.
– T’es devenu fou, ou
quoi ? Tu viens à peine de tremper le pinceau et tu prétendrais connaître
les femmes. Tout ce qu’on t’as appris et tout le mal qu’on s’est donné pour
toi, tu y pense à ça ?
– Je pense surtout que
vous êtes bornés, spécialement toi avec des principes, des préceptes et tes
dogmes. Je ne veux plus de cette vie de merde. »
Julien s’en va et
claque la porte. Son père est démoli. Comment son fils a-t-il pu lui faire
ça ? C’est une trahison.
4. Chez Carla
Julien emménage chez
sa chérie. Rien ne compte désormais, si ce n’est l’amour qu’il a pour sa
première conquête qu’il espère garder toute sa vie. Il n’a plus de contact avec
son père qui garde sa position rigide. Sa mère fait des pieds et des mains pour
assurer le tampon et trouve des excuses pour aller voir son fils.
Carla est une jeune
femme qui a apparemment déjà vécu des expériences amoureuses, mais c’est une
personne très honnête et elle veut vraiment garder son amant et assurer sa vie
avec lui. Elle est secrétaire médicale et elle est très capable d’assumer pour
les deux s’il le faut. Julien est désemparé, car son travail de fermier est la
seule chose qu’il connaît et s’il persiste à se maintenir dans cette situation,
il va devoir envisager de faire autre chose.
« Est-ce que tu
m’aimes, demande Carla à son jeune amant ? »
Cette question que posent
généralement les femmes est quelque chose de primordial, car celles-ci ont
naturellement besoin de parler ainsi, même si dans le fond elles connaissent la
réponse.
Le problème de
l’histoire de ce couple, se situe avant tout dans le choc des cultures. Les
pratiquants de vaudou n’ont aucun problème pour intégrer les saints chrétiens
ou n’importe quelles autres divinités dans leur système, alors que du côté des
bons protestants cela n’est pas du tout possible.
Carla semble être une
personne très pure et capable de voir les choses de façon très subtile. Un
soir, après avoir fait l’amour, le couple entame une discussion quelque peu
houleuse sur le sujet de la spiritualité. Le choc des cultures provient
peut-être de l’éducation parentale, mais nous sommes censés avoir notre propre
raisonnement et il semble que Julien soit totalement formaté par l’influence
que lui a laissée sa famille.
« Tu n’as jamais
eu des perceptions qui contredisent ta religion, demande Carla ?
– Pas vraiment, mais
j’ai fait un drôle de rêve il y a quelques années et il semble que je t’y ai
vu.
– Ce n’est pas
étonnant, ce genre de chose arrive tout le temps, mais on n’y prend pas garde.
– Dans mon rêve, il y
avait une sorte de dragon ou de vouivre qui sortait de la terre, continue
Julien, et elle ma donné un sceptre.
– Oh, là je te suis
bien, répond Carla, elle t’a donné un véritable sceptre d’étalon, je le
confirme. (Rires)
– Non, il ne s’agit
pas de ça. C’est une sorte de faculté de voir, ou plutôt d’entendre à distance
ou par télépathie. La vouivre m’a donné
une direction et j’ai pointé le sceptre dans cette direction et c’est là que je
t’ai vu. Je suis allé voir sur une carte géographique et cela amenait précisément
ici, chez toi. Depuis combien de temps habites-tu ici ?
– Six ans.
– Mon rêve s’est passé
il y a quatre ou cinq ans, je ne sais plus trop, mais cela prouve que c’était
bien toi, sinon je ne vois pas ce que cela peut-être. »
Le lendemain, nous
nous rendons chez Alaya la mère de Carla qui nous a préparé un petit repas et
c’est là que nous entamons la discussion sur le sujet de la vouivre et des
lignes de réseaux.
« Chez nous en
Afrique, nous utilisons ces lignes pour communiquer à distance. C’est quelque
chose qui à l’origine est tellement naturel, que nous avons oublié de le
transmettre aux jeunes. On peut essayer, si vous le voulez, je peux vous
montrer comme ça marche, dit Alaya. »
Elle nous emmène à
l’extérieur et nous conduit dans un parc naturel. Elle demande à sa fille de
s’éloigner de plus de dix mètres et demande à Julien de la suivre. Elle cherche
à trouver une ligne en se déplaçant de gauche à droit et soudainement elle
s’arrête. Elle demande ensuite à Julien de s’écarter de trois mètres, tout en
gardant la distance assez éloignée de Carla. Elle s’écrie : « Vous
êtes prêts ? » Carla et Julien hochent la tête en signe
d’approbation, bien qu’ils ne comprennent pas encore les sens de la situation.
« Je suis
maintenant sur la même ligne de son que Carla, dit-elle à voix forte, et Julien
est en dehors du réseau. Je vais parler à voix très douce à Carla, de façon à
ce que Julien ne puisse pas nous entendre et comme nous sommes sur la même
ligne de réseau, Carla pourra aussi me parler tout doucement et Julien ne
pourra rien entendre du tout. »
Et il s’entame une
discussion entre Carla et sa mère, et Julien n’entend quasi rien de ce qu’elle
se raconte. Il perçoit des sons, mais ils ne sont pas assez clairs et
compréhensibles pour qu’ils puissent être traduits en langage.
« Vois-tu, dit
Alaya à Julien, ce genre de chose est naturel chez les peuples qui vivent en
nature. Il semble que ce que tu as reçu comme don, soit une capacité d’explorer
les réseaux à des distances plus élevées. Pour cela il faudrait faire un
travail qui utilise la magie.
– Je ne suis pas sûr
de vouloir faire cela, répond Julien. J’ai très peur de ces choses là, à cause
de mon éducation.
– C’est vrai, je ne
peux pas te forcer, dit Alaya, mais cela pourrait être une opportunité de te connecter
avec ton père et de régler ce problème stupide qui vous empoisonne la vie à
tous les deux. Comme tu sais tracer la ligne depuis la maison de ton père,
jusque chez ma fille, tu pourrais t’approcher de ton père et d’abord voir ce
qui se passe dans son esprit. »
Alaya semble avoir non
seulement raison, on dirait que Julien est convaincu et qu’il doit
effectivement faire quelque chose de ce genre.
« Le problème est
que je n’ai aucune notion de ce genre de pratique et que mon rêve est resté
dans un tiroir top secret et que je n’en ai jamais rien fait, dit Julien.
Comment pourrais-je exploiter cela ?
– Je peux t’aider, dit
Alaya. Je dois d’abord donner quelques informations à Carla en privé et
ensuite, nous devons nous voir dans quelques jours pour effectuer un rituel. Je
viendrai chez Carla et nous ferons ce travail ensemble. »
Le couple rentre à la
maison et Julien, très curieux d’en savoir plus, se met à harceler Carla de
questions, pour savoir ce que lui a dit sa mère, mais elle détourne la
conversion en lui faisant comprendre qu’il doit lui faire confiance et qu’il ne
doit surtout pas savoir ce qui l’attend. La nuit arrive, les amoureux vont se
coucher et comme ils en sont encore au premier temps de leur vie de couple, les
ébats durent longtemps, au point qu’ils font des pauses et recommencent
plusieurs fois. Julien s’étend sur le dos, avec l’impression d’avoir bien
accompli son devoir conjugal.
Il a terminé sa noble et tendre besogne en murmurant des mots d’amour accompagnés d’interminables caresses, et donc il se dit que de s’endormir à ce moment là serait parfait. Sa partenaire ne devrait en tous cas pas souffrir du délaissement que font certains hommes lorsqu’ils ont eu leur compte et qu’ils s’endorment sans scrupule, juste après le coït. Ses yeux se ferment et les images de rêves apparaissent. Carla le prend par l’épaule pour le faire tourner vers elle. Cela le réveille. Il est surpris, mais ne dit pas un mot. Carla le fixe du regard et il croise ses yeux qui semblent vouloir lui dirent quelque chose, mais elle ne parle pas. Il se demande ce qu’elle veut et il a soudainement l’intuition qu’il va se passer quelque chose en relation avec les instructions que sa mère lui a données.
Il a terminé sa noble et tendre besogne en murmurant des mots d’amour accompagnés d’interminables caresses, et donc il se dit que de s’endormir à ce moment là serait parfait. Sa partenaire ne devrait en tous cas pas souffrir du délaissement que font certains hommes lorsqu’ils ont eu leur compte et qu’ils s’endorment sans scrupule, juste après le coït. Ses yeux se ferment et les images de rêves apparaissent. Carla le prend par l’épaule pour le faire tourner vers elle. Cela le réveille. Il est surpris, mais ne dit pas un mot. Carla le fixe du regard et il croise ses yeux qui semblent vouloir lui dirent quelque chose, mais elle ne parle pas. Il se demande ce qu’elle veut et il a soudainement l’intuition qu’il va se passer quelque chose en relation avec les instructions que sa mère lui a données.
Carla fixe son amant
dans les yeux et il semble qu’il veuille se mettre à parler, mais elle lui fait
comprendre qu’il faut qu’il reste silencieux. Soudainement il entend la pensée
de Carla qui lui demande simplement s’il l’entend. Il rompt le silence, car
l’expérience est trop extraordinaire pour qu’il reste ainsi sans pouvoir
l’exprimer à haute voix :
« C’est incroyable
j’ai entendu ta pensée et tu me demandais si je t’entends.
– Oui, c’est de la
télépathie. Ma mère m’a simplement dit que nous devons apprendre à communiquer
sans parler. Par le regard nous pouvons échanger des pensées. En fait, tout le
monde peut faire cela, mais nous sommes trop habitués à utiliser le langage
verbal, car c’est clair que de cette manière nous gagnons du temps et nous
pouvons développer la communication en profondeur. Pour que la communication
non verbale puisse fonctionner, il faut soit regarder la personne dans les
yeux, soit utiliser les lignes de réseaux telluriques. »
5. Communication avec
Jean-Bernard
Le père de Julien est
un agriculteur qui possède un don de voyance, mais qui le réfute, à cause de sa
religion. Le fait que son fils puisse non seulement être avec une étrangère qui
de plus n’est pas de sa confession, lui est insupportable. Il est persuadé
d’être quelqu’un de juste, mais il lui manque cette souplesse dont l’humanité a
pourtant vraiment besoin. Jean-Bernard est un médium, mais il refuse qu’on lui
parle de ses choses là et il s’enferme encore plus dans la religion lorsqu’il
sent que ce phénomène l’approche. Lorsqu’il était petit, il avait l’habitude de
faire des rêves prémonitoires et il voyait des choses du futur à l’échelle
mondiale. Cela étonnait son entourage à tel point que des gens venaient
régulièrement le consulter. Endurcit de concepts et de dogmes chrétiens, il
s’est réfugié dans le clan des capitalistes protestants avec la ferme intention
d’imposer sa vision du monde à son entourage.
Marie, sa femme, est
l’épouse idéale pour ce genre de macho au cœur tendre, mais à l’ego démesuré.
Elle fait tout ce qu’il veut, comme il veut et ne se met jamais en travers de
son chemin. Cette fois la situation prend un autre chemin, car Marie souffre de
cette situation qui ne semble pas pouvoir trouver d’issue. Elle décide pour la
première fois depuis trente cinq ans de mariage, de faire face à son mari et de
l’affronter sur un terrain extrêmement sensible. Un jour, elle entre dans son
bureau, alors qu’il est en train de faire du tri dans ses factures.
« J’aimerais te
parler, dit-elle d’une voix calme, mais d’un ton très austère. »
Jean-Bernard n’a
jamais vu sa femme oser pénétrer ainsi dan son bureau, qu’il en reste bouche
bée pendant plusieurs secondes.
« Bien sûr, mais
de quoi veux tu parler ?
– Tu le sais très
bien.
– Mais non, je ne vois
pas !
– C’est à propos de
Julien et tu le sais parfaitement.
– C’est qui
Julien ?
– Je ne plaisante
pas. »
Jean-Bernard hausse
les épaules et fait mine d’avoir d’autres chats à fouetter.
« Qu’est-ce que
tu veux que je fasse ? Il est majeur et vacciné et il fait sa vie.
– Je ne suis pas
d’accord que tu puisses l’ignorer à cause d’une histoire de religion et surtout
à cause de ton penchant pour le Klu klux klan.
– Mais tu es folle, je
n’ai aucun lien avec ces choses là.
– Pourtant tu démontres
bien que tu n’aimes pas les gens de couleur.
– Oui, mais ça n’a
rien à voir avec de l’extrémisme. Ces gens sont bien sympas, mais ce sont des fainéants
et des assistés en permanence. Je n’ai rien contre eux, mais je ne veux pas me
mélanger avec eux, c’est simple.
– Tu dis que ce sont
des assistés et pour l’instant c’est ton fils qui est assisté par cette jeune
femme et c’est une charmante personne. »
Julien a trouvé un job
comme livreur, mais sa compagne a plus de revenu que lui. Son père est persuadé
que la race blanche est suprême et parfaite, alors que son fils est soutenu par
une métisse. Cela le met hors de lui.
« Il va falloir
que tu acceptes de voir les choses différemment, lui dit Marie.
– Et pourquoi
devrais-je voir les choses différemment ?
– Parce que nous
vivons à une époque différente de celle dans laquelle tu as baigné depuis ta
jeunesse et qui est désormais révolue.
– Pourtant pas pour
moi.
– Alors tu risques de
te retrouver seul.
– Tu veux me quitter ?
– Non, mais tes autres
fils se font de plus en plus rare ici, à cause de ce que tu fais subir à
Julien.
– Non mais ! C’est
le monde à l’envers. C’est moi qui fais subir des choses à Julien ? Tu n’es
pas sérieuse là !
– Eh bien, tu es
gentiment en train de retomber sur ton cul, car cela fait deux semaines que tes
autres fils ne t’ont pas rendu visite et tu voudrais me faire croire que tout
va bien dans le meilleur des mondes.
– Mais qu’ils aillent
au diable, s’ils ne sont pas content c’est le même prix !
– Ah vraiment ?
C’est super alors ! Monsieur le bigot, grenouille de bénitier qui ne jure
que par le bon Dieu et qui n’a de vrais amis que des bons protestants, est en train
d’envoyer ses fils au diable. On aura tout vu.
– Oui, bon, c’est une
façon de parler.
– Alors justement
c’est pour cela que je suis ici et je dois quand même te dire que tu es
certainement un très bon époux, mais tu crois que tu es parfait et ce n’est pas
le cas. En tant que père tu as des responsabilités et ce n’est pas le bon Dieu
qui va faire ces choses à ta place. »
Marie reprend son
souffle et elle continue :
« Je l’ai appelé
aujourd’hui.
– Le bon Dieu ?
– Mais non, ton fils,
pardi !
– Qu’est-ce que tu
veux que je fasse ? Je ne vais pas me reconvertir au vaudou et danser cul
nu avec des nègres pour faire plaisir à ma famille.
– Il te suffit
d’accepter les choses et arrêter avec tes tests de compatibilités. Ce sont des
vieilles bigoteries et ça nous fait honte à tous. Cette jeune femme que ton
fils aime, est une personne cultivée, c’est une métisse et tu ne peux pas la
traiter comme ça. C’est un être humain au même titre que toi. »
Là, c’en est beaucoup
trop. Vert de colère, Jean-Bernard quitte son bureau en claquant la porte.
Marie éclate en sanglot et part se réfugier dans son petit coin prés du foyer
où se trouve son chat qui s’approche pour la consoler. Elle aime son mari, mais
elle ne comprend pas comment il peut être raciste et surtout aussi coincé dans
son dogme de protestantisme démodé. Il ne lui reste plus qu’à prier le bon Dieu
pour qu’il se passe quelque chose. C’est un comble de devoir prier le bon Dieu
pour qu’une personne arrête de trop le vénérer, mais c’est pourtant ce qui se
passe.
Jean-Bernard est
sortit prendre l’air pour se calmer. Il aime sa femme, mais son éducation
patriarcale machiste a fait de lui qu’il entretient le privilège d’être le roi
dominateur de son clan. Il ne s’en rend pas compte, car il est persuadé que les
choses sont parfaitement normales, naturelles et justes. Il fait le tour de la
maison et il arrive dans le verger pour y faire quelque pas. Il remarque qu’un
trou à été creusé et un bâton sculpté en forme de sceptre a été planté à cet
endroit. Il n’avait jamais remarqué cela. Il faut dire qu’il ne va jamais au
verger, qui est l’endroit fétiche de Julien depuis des années. Il s’approche du
sceptre et ressent une sensation étrange. Cela lui rappelle ses rêves et ses
facultés de visions qu’il réfute toujours. Il arrive sur la ligne de réseau et
entend son fils dans ses pensées. Il l’appelle :
« Papa ? Tu
m’entends ? »
Jean-Bernard est
troublé, il est persuadé que son fils communique avec lui à distance, car ses
qualités de médium se sont réveillées subitement et elles ont pris une telle
ampleur qu’il comprend le phénomène dans sa totalité. La vouivre lui apparaît
avec le sceptre qu’elle a transmis à Julien dans son rêve et il voit aussi que
son fils est actuellement chez sa compagne avec sa mère qui amplifie le champ
d’énergie avec des incantations. Il est bouleversé et il se met à pleurer comme
un enfant.
Il retourne vers son
épouse, la prend dans ses bras et lui dit qu’il va l’emmener voir Julien sur le
champ. Aussitôt elle comprend qu’il s’est passé quelque chose et elle le met
sur le compte du Bon Dieu. Après tout, sa prière était peut-être efficace, qui
sait ?
Ensemble, ils se mettent
en route pour aller trouver Julien et sa nouvelle famille.
6. Epilogue
Cette histoire est
véridique, bien entendu et elle ne fait que commencer. La réforme de la réforme,
c’est ce qui permet à la spiritualité de garder la forme.
La religion a toujours
besoin de réforme, car les dogmes vont forcément évoluer à mesure que l’on
découvre de nouvelles vérités. La seule vérité qui semble absolue, c’est le
mystère.
En acceptant que l’on
ne sait pas, on a des chances d’accéder au savoir.
Lao Tseu a dit :
« Celui qui parle ne sait pas, celui qui sait ne parle pas ! »
Pourquoi celui qui
sait ne parle pas ?
Sans doute parce que la
parole ne traduit jamais vraiment l’image.
Jean-Marc Baudat
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(Texte inspiré d'un cours suivi avec Bernard Werber en relation avec les arcanes du Tarot)
Avant de commencer le travail, nous avons fait une sorte de voyage chamanique et c'est là que j'ai vu la vouivre avec son sceptre.
Il est clair que le personnage de Jean-Bernard (le père) est une allusion à Bernard Werber en tant que mentor et en relation avec mon premier prénom.
Julien c'est le Chariot (à g.)
Jean-Marc Baudat
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(Texte inspiré d'un cours suivi avec Bernard Werber en relation avec les arcanes du Tarot)
Avant de commencer le travail, nous avons fait une sorte de voyage chamanique et c'est là que j'ai vu la vouivre avec son sceptre.
Il est clair que le personnage de Jean-Bernard (le père) est une allusion à Bernard Werber en tant que mentor et en relation avec mon premier prénom.
Julien c'est le Chariot (à g.)
Son problème de solitude c'est l'Ermite (à dr.)
La solution c'est Carla, le diable (en h.)
L'intrigue c'est le conflit culturel - L'étoile (en b.)
L'aboutissement c'est le monde au centre
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